1.11.1 - Fiche analyse Le Nombril du Monde

 
Ce que nous en avons pensé

- Un site vraiment hors du commun

- Un énorme travail sur l’imaginaire et le poétique ; une véritable histoire a été créée et développée, avec ses personnages, ses nœuds dramatiques et ses rebondissements…

- La réalisation est d’apparence loufoque et très décalée, réalisée par des artistes, mais au final il s’agit d’un véritable projet de développement local et culturel qui crée des emplois et un dynamisme sur la commune et les alentours

- Il s’agit d’un lieu vivant, en constante évolution

- On peut se rendre compte ici de la puissance et de la force de la création d’histoires dans l’interprétation : tout un scénario est développé sur le site

- Manque peut-être d’ancrage local dans ce qui est raconté : que sait-on vraiment sur ce « pays » au final ?…

 

 

 

 
Le "plus": 

- La dimension interactive de l’installation sonore

- Les visites guidées vraiment loufoques, avec une belle prestation de l’animateur comédien

- La diversité et la qualité des supports proposés

- La cohérence du ton (humour et poésie) dans les moindres détails

- La qualité artistique globale

 

mise à jour: 02/07/2009

Les 5 principes de l’interprétation

1. Exprimer et respecter l'esprit des lieux

2. Faire référence à des enjeux, provoquer la réflexion

3. Créer une relation avec les visiteurs, se mettre à leur portée

4. Faire vivre l'émotion, l'imaginaire, les questions

5. Utiliser des savoir faire

Exprimer et respecter l'esprit des lieux

 
  • Esprit des lieux :

- La spécificité de Pougne-Hérisson (village de 362 habitants) était un peu de n’avoir pas grand-chose à raconter, d’être un bout du monde (pour parler poliment) et d’être peuplé… de cailloux ! Les concepteurs du Nombril ont délibérément pris le contrepied de tout ça pour inventer une nouvelle spécificité : Pougne-Hérisson est l’épicentre du grand Big Bang mythologique, qui a donné naissance à toutes les histoires de la planète, comme en attestent ses pierres qui sont en fait du minerai de conte…

  • Ancrage local :

- Nous sommes conviés à découvrir une histoire rocambolesque qui prend appui sur les différents lieux du village et des alentours. Tout est détourné, mais tout est utilisé : par exemple le fait que la commune réunit deux bourgs distants de 3 kilomètres, «  Pougne, qui représente l’homme, la poigne, le centre des décisions. Hérisson, sa chapelle, ses prés humides, son Nombril, représente la femme, la matrice d’heureux événements. Ces deux bourgs forment le ventre historique de la naissance des histoires du monde…  ». On peut ainsi « revisiter » le village, la chapelle, le château, et même les bouches d’égout… avec disons un nouveau regard !!
- Derrière l’histoire du Nombril, on découvre aussi un patrimoine caché : l’importance de la roche dans ce terroir.

  • Population locale :

- Le projet émane d’une initiative portée par des acteurs locaux.

- Quelques personnages réels ont inspiré les personnages de l’histoire ; il y a peut-être bien eu un forgeron dénommé Jarry (mais on ne saurait l’affirmer avec certitude…)

  • Ancrage local :

- Il s’agit quand même d’une construction purement imaginaire qui aurait peut-être pu se dérouler ailleurs. Ce projet est le fruit d’une rencontre de personnes peut-être plus que du territoire lui-même.
- Le côté complètement décalé et imaginaire fait qu’au final on a du mal à savoir quelque chose sur le pays « réel ». Seul, le site n’est pas vraiment une « vitrine » du territoire (mais Le Nombril propose aussi la « Virée au pays des cailloux bavards » qui permet de découvrir le pays.

Faire référence à des enjeux, provoquer la réflexion

 
  • Enjeux évoqués :

- Le site célèbre la tradition orale, les mythes et les histoires, les contes merveilleux et populaires, comme autant de clés pour comprendre notre monde.
- Il délivre un message fort autour de la nécessité du conte, de l’imaginaire comme part importante de l’âme humaine et de la dangerosité de l’uniformisation ou de la disparition de cette capacité à écouter, imaginer, raconter.

  • Approche évolutive :

- L’histoire couvre une période allant du « Big Bang mythologique » (explosion d’une gerbe enflammée d’histoires puis refroidissement et formation du minerai de conte) à nos jours, en passant par le Moyen-âge, où les troubadours de toute l’Europe viennent se recueillir à la source des histoires, la Guerre de cent ans (abandon de la mine de conte), la deuxième guerre mondiale et le parachutage par erreur de l’américain John Barney Fergusson qui devient l’ami du forgeron du village, Robert Jarry ; ensemble ils redécouvrent la Mine de contes et donnent naissance à l’ombilicologie (science qui étudie les nombrils et ce qu’ils ont dans le ventre…).
- Mine de rien, chaque étape de l’histoire possède ses caractéristiques et est un prétexte à évoquer l’histoire de la tradition orale et ses péripéties.

  • Responsabilisation des visiteurs :

- Le visiteur a la responsabilité de « déposer » des histoires dans le Jardin des Histoires pour entretenir la flamme. Nous comprenons ainsi que chacun d’entre nous détient une part des histoires du monde…

  • Réflexions et discussions :

- Réflexions suscitées sur la place de la mythologie, des contes et de la tradition orale en général et sur l’importance de l’imaginaire.

 
  • Enjeux évoqués :

- Les enjeux évoqués ont une dimension universelle, mais pas vraiment d’enjeux locaux.

Créer une relation avec les visiteurs, se mettre à leur portée

  • Liens avec le quotidien :

- L’histoire nous fait pénétrer dans le quotidien de feu le forgeron Robert Jarry : on visite sa maison, on nous présente ses objets usuels… il constitue un peu notre lien avec la vie de tous les jours.

- Référence permanente à la muséographie classique, mais toujours décalée : les visites de la maison de Robert Jarry et du laboratoire se déroulent comme une visite classique où, sur un ton très sérieux et une mise en scène de muséo classique, on nous présente des choses invraisemblables

- Nombreux objets du quotidien, mais tous détournés : par exemple la R12 à Jacky, qui sert finalement de tonnelle, ainsi que les nombreuses machines inventées par Robert Jarry pour extraire du minerai de conte, toutes plus abracadabrantes les unes que les autres…

  • Immersion, contacts, interactivité :

- C’est une immersion totale dans un univers très particulier : tout y est à la fois absurde et plausible…

- Mise en condition depuis le parking avec 10 « boîtes à question » et 9 « boîtes à réponses », de couleur rouge et faites à partir de vieux mobilier de bureau en métal ; elles nous guident jusqu’au départ de la visite tout en posant des questions intrigantes…

- En visite guidée, l’ombilicologue qui nous présente l’histoire interpelle constamment le public et provoque la curiosité. On devient partie prenante de son histoire.

- Dans le jardin des histoires, de nombreux espaces sont dédiés à l’expression du visiteur : le karaoconte, l’isoloir à rumeurs, etc.

- L’expression des visiteurs est possible par l’écrit ou par l’oral ; plusieurs sens sont sollicités (visuel, lecture, audio avec une bande son dans le Jardin des histoires…) ; on peut toucher, écrire, raconter…

  • Implication du visiteur :

- Au moyen d’une installation sonore interactive, on peut réellement déposer des histoires, comme on y est invités constamment dans le Jardin des histoires : on appuie sur un bouton rouge pour s’enregistrer et on peut s’entendre diffusé dans le Jardin dans les minutes qui suivent…

Véridique !

- Le visiteur enrichit ainsi la « mine de conte ». Après dépouillage des bandes son, les animateurs gardent les meilleures histoires en stock.

Faire vivre l'émotion, l'imaginaire, les questions

  • Emotion, approche poétique :

- Toute une histoire a été créée : mythologie, personnages, décors…

- Un humour décapant qui ne laisse pas indifférent

- On passe par diverses émotions : le rire, mais aussi l’histoire émouvante de John Barney Fergusson qui (apparemment…) est mort dans l’incendie du laboratoire, en laissant un ouvrage pathétique : «  Le nombril, why and how ?...  ». On est sans cesse ballotés entre le plausible et l’impossible.

- Qualité de rédaction des textes : tout est cohérent en terme de tonalité ; certains textes sont très poétiques.

- Emotion et poésie sont aussi apportées par la bande son diffusée dans le Jardin des histoires : il s’agit des histoires « déposées » par les visiteurs au fil du temps, mixées avec les grands contes et mythes populaires racontés par des conteurs, formant ainsi une architecture sonore en constante évolution.

  • Ambiances :

- Plusieurs espaces mis en scène, cohérents : le Laboratoire d’ombilicologie, la maison de Robert Jarry, le Jardin des histoires… Ils nous permettent une immersion complète dans l’ambiance de ce qui nous est raconté.

  • Moyens d’expressions :

- Nombreux moyens d’expression : conte, poésie, littérature, mais aussi des dizaines œuvres d’art plastique (à base de matériaux de récupération) et des mises en scène

  • Emotion :

- Comme à chaque fois que le parti pris est fort, on peut bien sûr ne pas être touché par cet univers et cet humour bien particuliers

Utiliser des savoir faire

  • Démarche collective, appropriation par les locaux :

- Il s’agit du travail de toute une équipe

- Le Nombril du Monde est une association type loi 1901 administrée par des habitants de Pougne-Hérisson (dont le maire) et de la Communauté de Communes Espace Gâtine

- Le projet est né de la rencontre entre un artiste, Yannick Jaulin, et les habitants du village, en 1986. Ensemble ils ont d’abord créé un festival, puis le site du Jardin des histoires

- La Compagnie Yannick Jaulin est implantée à Pougne-Hérisson depuis 1996

- Un chantier d’insertion local (centre social cantonal) ainsi qu’une équipe de bénévoles, jardiniers et bricoleurs, assurent l’entretien du site.

  • Professionnalisme :

- Toute une équipe d’artistes professionnels a collaboré au projet : comédiens, metteurs en scènes, auteurs, plasticiens, architectes, scénographes…

  • Méthodologie de l’interprétation (thème central, fil conducteur, etc.) :

- Elle n’a peut-être pas été utilisée en tant que telle, mais l’esprit y est…

- Une véritable histoire avec un scénario, des personnages, etc.

  • Supports et   Médias :

- Muséographie et scénographie, installations sonores, sculptures et mises en scènes, visites guidées : difficile de trouver plus varié !

  • Compléments et renvois :

- Nombreuses activités proposées : visite libre ou guidée, ateliers contes et création d’histoires pour les enfants, projets annuels autour du conte pour les scolaires

- Un circuit voiture, la « Virée au Pays des Cailloux Bavards », a été créé en complément du Jardin des Histoires

- En lien avec le site : visites guidées du village, résidences d’artistes, festival…

  • Démarche collective, appropriation locale :

- Une partie de la population peut être choquée par les partis pris et le côté « décalé » ; c’est impossible de plaire à tout le monde.

 

Contenus de l'interprétation

Message: 

Les histoires tissent le lien entre le temps passé, présent et à venir.
 
La tradition orale donne encore aujourd’hui, à travers les grands mythes, les contes merveilleux et populaires, des clés pour comprendre notre monde.
Chacun d’entre nous peut contribuer à faire vivre ces histoires.
 
«  Un pays qui n’a plus d’histoires dans son ciel est un pays qui n’est plus capable de rêver » (Yannick Jaulin).

Thème: 

L’origine de toutes les histoires de la planète est à Pougne-Hérisson
 

Fil conducteur: 

L’histoire du Nombril du monde et du minerai de contes, à travers deux personnages : Robert Jarry et John Barney Fergusson

Médias: 

- Scénographie
- Panneaux
- Œuvres d’art
- Installation sonore interactive
- Visite guidée

 

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