1.18.1 - Fiche analyse l’Enfant Sauvage, Lacaune
- Un parcours d’interprétation qui fourmille d’idées originales en termes d’approches sensorielles, ludiques et imaginaires
- Une véritable immersion dans la naturalité du site, « une expérience nature » au travers d’une réalisation passionnante à vivre en famille
- Un espace de liberté avec des outils pour les enseignants qui souhaitent mener une réflexion sur l’écologie et la vie dans la nature
- Les réels enjeux du territoire ne sont pas exprimés
- Une invitation à appliquer au quotidien à nous laisser éveiller par nos sens, à quitter nos habits de culture, pour nous laisser porter par ce plaisir tout simple de retrouver la Nature, notre nature.
- Des ateliers originaux interactifs qui s’articulent autour d’éléments naturels offrant une réelle immersion, un bain de nature avec son lot de joie, de plaisir mais aussi de peurs
- Enfin un parcours où le côté didactique pédagogique n’entrave pas le plaisir de la découverte
Les 5 principes de l’interprétation
1. Exprimer et respecter l'esprit des lieux
2. Faire référence à des enjeux, provoquer la réflexion
3. Créer une relation avec les visiteurs, se mettre à leur portée
4. Faire vivre l'émotion, l'imaginaire, les questions
Exprimer et respecter l'esprit des lieux
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Esprit des lieux :
- Nombreuses mises en scène (cabane, paillassons de cônes, mousses, pierres…, passerelles de troncs, dalles, claie prison, land’art…) élaborées à partir d’éléments naturels trouvés sur site
- Réelle immersion dans l’ambiance du site qui nous permet un contact réel avec la Nature et cette forêt de hêtre à l’ambiance magique
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Spécificité et ancrage local :
- Le sentier évoque la vie rurale aux XVIIIe et XIXe siècles dans les Monts de Lacaune : découverte des vieux métiers, du lien entre l’Homme et son environnement : les activités passées - présentes (charbonnier, les mines, forges, tradition textile « draps de Lacaune », l’évolution des paysages, l’eau minérale des « Mont Roucous », la brebis de Lacaune et le Roquefort…)
- Les textes présentant la société rurale d’autrefois sont écrits en occitan (langue populaire d’avant) avec leur traduction française
- L’histoire de l’enfant sauvage est une histoire redécouverte de faits qui se sont passés au XVIIIe siècle dans un bois près de Lacaune
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Population locale :
- Travail de collecte d'informations auprès de la population locale réalisé lors de l’inventaire des ressources
- Les réalisations land’art, œuvres éphémères, sont rafraîchies et enrichies par des animations scolaires
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Respect du site :
- Choix d'une approche particulière "parcours sensoriel" pour préserver l'ambiance naturelle du site
- Les ateliers se fondent dans la naturalité du site et utilisent ses formes, ses odeurs…
- Une signalétique légère ; parfois, c’est l’empreinte des pas de l’enfant sauvage qui nous guide
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Spécificité et ancrage local :
- Globalement, le sujet développé, « paysage et forêt de montagne » est assez classique et certaines stations du parcours informatif pourraient se retrouver ailleurs.
Faire référence à des enjeux, provoquer la réflexion
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Responsabilisation et approche évolutive :
- Le livret commence par « Ici, c’est un chemin qui crée une histoire au présent, la vôtre... et qui raconte une histoire au passé ». A partir de l’histoire de cet enfant sauvage qui s’est déroulée à la fin du XVIIIe siècle, ce parcours nous offre l’opportunité d’oser redevenir un enfant sauvage, d’être en contact direct avec la nature et au final de redécouvrir un peu de notre nature.
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Réflexions et discussions :
- Le regard naïf et craintif de l’enfant sur le monde des Hommes et leurs activités est l’occasion de rebondir sur des questions écologiques actuelles : la protection de la forêt, de l’eau, des espèces animales et végétales, les usages ethnobotaniques des plantes sauvages, mais aussi simplement sur l’éloignement de l’homme avec son environnement naturel dont il fait partie en tant qu’espèce vivante
- La connotation péjorative du diagnostic « Sauvage » est relativisée, notamment vis-à-vis des sociétés dites « primitives »
- Au-delà de l’histoire de l’enfant sauvage, ce sentier propose aux enfants une réflexion sur l’écologie et la vie dans la nature
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Approche évolutive :
- Le temps présent n’est finalement que peu évoqué. Qu’est devenu ce territoire aujourd’hui ?
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Enjeux évoqués :
- Les enjeux évoqués (perte de l’approche sensible, formatage des perceptions, déconnection de la Nature, artificialisation…) ne sont pas spécifiques au lieu. On pourrait le décliner sur d’autres sites
- Les réels enjeux du territoire ne sont pas exprimés
Créer une relation avec les visiteurs, se mettre à leur portée
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Liens avec le quotidien :
- Les ateliers mettent en avant les besoins vitaux de l’humain (se nourrir, se protéger du froid mais aussi des dangers…).
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Immersion, contacts, interactivité :
- Le parcours offre une réelle interactivité : il privilégie l’observation avant de fournir les explications, il stimule l’intérêt, il dirige le regard du promeneur, éveille ses sens sur un détail de forme, de couleur, de texture, de bruit ou d’odeur… afin d’exciter sa curiosité
- Des mises en scène - ateliers - jeux (parcours de la corde les yeux bandés, boites à toucher dans un tronc, parcours pieds nus, jeu de la rapine, le rocher qui parle…) incitent petits et grands à se mettre dans la peau de l’enfant sauvage
- Un livret spécifique enfant adapte la découverte et propose toute une série de jeux, d’expériences, de constructions. A un moment, il est même proposé de faire une liste d’actions pour devenir membre de la tribu des « Cradocs courageux ». Chaque expérience rapporte des points : prendre 3 bogues de châtaignes dans la main ; faire courir des fourmis sur ta main sans les blesser ; barbouille-toi le visage de terre comme les enfants des tribus primitives…
Le livret enfant est vraiment adapté à un public « jeune » par son vocabulaire, ses approches sensorielles…
Petite merveille pédagogique à signaler : un cahier pédagogique à destination des enseignants (56 pages, réalisation CPIE Pays Tarnais) qui vous propose une démarche d’animation avant, pendant et après la visite ; ce cahier fourmille d’idées.
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Implication des visiteurs :
- Pas de traduction dans d’autres langues des livrets - panneaux
- On peut se poser la question de comment le visiteur, une fois rentré chez lui, peut réinvestir ce qu’il a découvert dans son quotidien
Faire vivre l'émotion, l'imaginaire, les questions
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Emotion - plaisir :
- Ce parcours est une invitation quotidienne à nous laisser éveiller par nos sens, quitter nos habits de culture pour nous laisser porter par ce plaisir tout simple de retrouver la Nature
- Les mises en scène du parcours, les ateliers créent des effets de surprise et mettent nos sens en éveil (ateliers musique verte, parcours pieds nus…)
- Puissance « sauvage » du paysage et de l’ambiance mystérieuse du sous bois de hêtraie que le parcours traverse
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Ambiances :
- L’effet de balisage de certains éléments naturels mis en scène a permis de limiter les interventions lourdes de terrassement, préjudiciables pour l’ambiance du parcours
- Le parcours n’est pas trop balisé, on avance presque instinctivement
- Alternance entre des ambiances fermés (mystérieuses, sombres, ce pourrait être même oppressant pour certains) et des ambiances ouvertes (prés) offrant des vues lointaines
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Histoire racontée :
- L’histoire de l’enfant sauvage capturé il y a 200 ans nous accueille sur le parcours. Enfant mi-homme mi-animal, toute cette ambiguïté forme l’intrigue qui alimente la découverte
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Moyens d’expressions, imaginaire :
- Panel assez varié offert par le sentier : différents modes d’approche où l’on ose toucher, écouter, regarder, jouer, rechercher, imaginer…
- Les réalisations land’art qui égrainent le parcours jouent avec les formes (un nœud dans un arbre, une pierre moussue en forme d’animal...). La nature s’amuse, nous avec elle. Ces formes nous racontent des histoires insolites. On imagine, on accueille simplement, on s’émerveille
- Diversité et originalité des ateliers : un adulte lit le livre de conte placé sur un pupitre, c’est le début de l’histoire de l’enfant sauvage. Sa voix caverneuse est diffusée en contrebas par un tuyau relié à un entonnoir qui diffuse le son
- L’imaginaire des enfants est fortement stimulé par un visuel très Bande Dessinée où l’enfant sauvage reste discret et énigmatique. On peut démarrer la visite en visionnant le film de François Truffaut qui a mis cette histoire en image
Utiliser des savoir faire
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Démarche collective, appropriation par les locaux :
- Réelle implication de la commune qui a fait de ce projet un projet de communication à l’échelle de sa ville. Le site internet de la ville vous accueille par ces mots « Entrez dans l’état sauvage », la plaquette de l’OT commence par « Fait de nature sauvage… laissez vous guider par la nature, pour des vacances régénérantes en moyenne montagne »
- Parcours exploité par les écoles locales
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Méthodologie de l’interprétation :
- La notion de sauvage - naturel se décline tout au long du parcours : « animaux sauvage », « ces peuples inconnus, malnommés », « des pierres apprivoisées par les hommes », « les usages des plantes sauvages »
- L’enfant sauvage est notre guide tout au long du parcours
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Professionnalisme :
- Démarche participative dans la construction du projet (association locale, OT, élus, commerçants…)
- Plusieurs niveaux de lecture (actions sur le terrain, livret, panneaux…), plusieurs approches (sensorielle et plus informative)
- Graphisme soigné et esthétique des panneaux traitée sous forme de BD
- Titres évocateurs des stations déclinées dans les livrets adultes et enfants
- Commercialisation en parallèle d’un package séjour de randonnées sur plusieurs jours
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Supports et Médias :
- Différentes mises en scène à base d’éléments naturels très originale
- Une mallette pédagogique est mise à disposition gratuitement pour les écoles
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Méthodologie de l’interprétation :
- Il est un peu dommage que les spécificités locales n’aient pas été plus mises en valeur
Contenus de l'interprétation Thème :
Le thème n’est pas vraiment spécifique : « Le parcours de l’enfant sauvage de Lacaune est un chemin qui raconte l’histoire de ce pays au passé et crée une histoire au présent, la vôtre. » Fil conducteur :
Le personnage de Victor, l’enfant sauvage, son histoire constituent le fil conducteur narratif du parcours. Médias :
Panneaux BD avec éléments en relief + ateliers sensoriels + mises en scène réalisées à base d’éléments naturels prélevés sur site (land’art) + livrets d’accompagnement adulte et enfant. |